Sépultures: un rapport demande une commission nationale dirigée par des Autochtones

OTTAWA — Un rapport final sur les enfants disparus et les sépultures anonymes dans les pensionnats demande au gouvernement fédéral de créer une commission nationale dirigée par des Autochtones avec un mandat de 20 ans pour enquêter sur les enfants autochtones disparus.

Kimberly Murray, qui est l’interlocutrice spéciale du Canada sur les sépultures non marquées depuis deux ans, a publié son rapport final mardi à Gatineau, lors d’une réunion avec des survivants des pensionnats pour Autochtones et des experts de tout le pays.

Assise sur la scène derrière une chaise vide destinée à honorer et à se souvenir des enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux après avoir été dans les pensionnats, Mme Murray a parlé avec tristesse de son travail et de l’impact qu’il a eu pendant la durée de son mandat.

Elle a déclaré que la commission doit refléter la souveraineté des peuples autochtones, être régie par les lois autochtones et examiner les schémas systémiques de génocide et de crimes contre l’humanité. Son mandat ne devrait pas être inférieur à 20 ans.

«Le Canada a l’obligation légale et morale de veiller à ce qu’une enquête complète soit menée sur les disparitions et les décès de ces enfants», a dit Mme Murray.

Plus de 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats, dont le dernier a fermé en 1996.

On estime que 6000 enfants sont morts dans ces écoles, mais les experts croient que le nombre réel pourrait être bien plus élevé.

Ces dernières années, les communautés ont fouillé les terrains des anciens pensionnats dans l’espoir de ramener chez eux leurs enfants disparus.

Dans un rapport provisoire publié l’année dernière, Mme Murray a documenté les attaques des négationnistes contre les communautés qui explorent d’éventuelles découvertes de sépultures non marquées.

Son rapport final est le fruit de deux années de collaboration avec les survivants et les communautés autochtones de tout le Canada.

Son bureau indique qu’il met en avant les «obligations juridiques, morales et éthiques que le Canada doit remplir pour combler les lacunes législatives et structurelles qui existent en matière d’identification, de protection et de commémoration des enfants disparus et de leurs sépultures».

Le rapport en deux volumes énonce 42 «obligations» pour les gouvernements, les églises et d’autres institutions afin de parvenir à la vérité, à la responsabilité, à la justice et à la réconciliation.

Mme Murray a expliqué qu’elle les qualifie d’«obligations» plutôt que de recommandations parce que le gouvernement ignore souvent ces dernières. En les appelant «obligations», le gouvernement fédéral devra reconnaître son rôle dans l’écriture des torts, affirme Mme Murray.